Dans la province du Sud-Kivu, en particulier dans les territoires de Fizi, Uvira, Walungu et Mwenga les actes de violences sont sources d’inquiétude et de désolation pour de nombreuses femmes et filles ; en cause les groupes rebelles locaux et étrangers qui y sont actifs depuis de décennies maintenant.
Plusieurs cas d’abus sur les filles et femmes ont été signalés et rapportés par des organisations humanitaires et les structures locales de la société civile qui œuvrent dans cette partie de la province.
OMBA FEZA Solange, âgée de 40 ans mariée et mère de 4 enfants, est l’une des assistantes psychosociales qui travaille dans une maison d’écoutes installée par l’association des femmes pour la promotion et le développement endogène ‘AFPDE’ au centre de santé de référence Kabimba dans la zone de santé d’Uvira en chefferie des Bavira.
Elle nous livre ici son travail dans l’accompagnement psychosocial auprès de ces survivantes de violences sexuelles :
‘’Nous nous préoccupons de violences sexuelles et basées sur le genre en apportant notre contribution au rétablissement psychologique des survivantes de ces violences’’, indique cette assistante psychosociale. Et de poursuivre :’’De nombreuses femmes et filles souffrent des affres d’abus qu’ils ont subi parfois difficile à décrire lorsque ces femmes nous témoignent leurs récits’’.
A la question de savoir comment faites-vous pour rétablir psychologiquement ces femmes et les aider à avoir une bonne santé mentale, OMBA FEZA Solange dit ceci : « Tout commence par un travail de sensibilisation, car dans notre milieu ce n’est pas facile pour une fille ou une femme victime des violences sexuelles et basées sur le genre de libérer sa parole, de raconter sa situation. Notre travail commence donc par là. Nous parcourons des villages, des rues parfois des endroits publics pour porter les messages sur la prévention et lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre, c’est notre combat de tous les jours. Nous sensibilisons les femmes et les filles à avoir le courage de dénoncer tout acte d’abus, à libérer leur parole et à briser le silence autour de ces actes. Ensuite nous les informons sur le circuit de référencement en cas d’abus. C’est à ce stade que nous portons à la connaissance de tous les membres de la communauté et aux filles et femmes en particulier de l’existence de notre maison d’écoute et des assistances que nous portons aux survivantes de violences sexuelles et basées sur le genre. Une fois arrivée dans notre maison d’écoute, la survivante est accueillie en qualité et dans les conditions plus favorables et confortables possibles. Pourquoi un accueil de qualité, c’est parce que un bon accueil importe de créer dès les premiers instants un climat de mise en confiance au sein duquel la personne survivante peut se sentir en sécurité et détermine la suite à donner pour les entretiens que j’aurai avec la cliente ; sans ces conditions la prise en charge de la cliente tant sur le plan psychosocial que médical sera difficile et non effectif. Par ailleurs, la victime a aussi besoin d’une assurance sur les principes de confidentialité sur les récits qu’elle raconte.
Engagée depuis 2015, comme APS chez AFPDE, OMBA FEZA Solange a fait des tours dans les zones de santé d’Uvira, Ruzizi, Lemera (en territoire d’Uvira), Nundu (en territoire de Fizi) et Nyangezi (en territoire de Walungu) où elle a et continue à apporter son assistance aux survivantes de violences sexuelles et basées sur le genre, chacune selon ses besoins. ‘’Nous constatons déjà une prise de conscience dans le rang des filles et femmes que nous accompagnons, une volonté de surmonter le degré d’ignorance qui avait longtemps caractérisé notre société par rapport aux questions de violences sexuelles et celles basées sur le genre, car dit-elle, les femmes et filles, même celles qui ne sont pas victimes de ces actes, fréquentent notre maison d’écoute pour s’informer ou demander conseil. Une réelle motivation qui découle de nos actions de sensibilisation et de l’investissement dont AFPDE a fait pour nous en termes de formation et de renforcement des capacités’’.
Beaucoup de survivantes qui avaient déjà perdu le goût de vivre, on vit renaître dans elles l’espoir d’une vie nouvelle et leur image redorée dans la communauté.